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1. La Naissance d’une Passion

(Vous pourrez constater une différence entre le nombre d'heures de vol indiquées sur le site, et les articles de blog. Ces derniers sont en cours de rédaction et seront tous disponibles dans les jours ou semaines à venir !)

J’ai de la chance. 

Dans mon cas, nul besoin de partir dans une longue séance d’introspection pour comprendre d’où me vient cette passion dévorante pour l’aéronautique. Tout peut se résumer à une simple et unique photographie.


Nous sommes en mai 1995, sur l’aérodrome de Duxford, à une quinzaine de kilomètres de Cambridge, au Royaume-Uni. Doudou fermement serré dans le poing gauche, main droite fichée dans la poche pour me donner un brin de contenance, je n’en mène pas large. Pourtant, c’est l’un des plus beaux souvenirs de mon enfance, gravé à jamais dans ma mémoire. 

Me voilà pour la première fois face à la bête, celle qui habite mes rêves depuis ma plus tendre enfance : le Spitfire. Un drôle d’animal, qui s’ébroue en crachant des bouffées de fumée noire, entrecoupées de flammèches démoniaques, dès qu’on a le malheur de le réveiller. Un curieux oiseau, qui se déplace en zigzag comme s’il rentrait d’une soirée arrosée, en cahotant sur les mottes d’herbes. Mais là où la magie opère, c’est lorsque le ronronnement de son moteur “Merlin” se change en rugissement, et que la créature déploie ses ailes gracieuses en direction de son royaume : le ciel. Il suffit de l’observer fendre l’atmosphère avec élégance, d’écouter les notes harmonieuses qui se dégagent de son vol, d’apprécier toute la finesse de pilotage requise par cette monture fougueuse, et il devient alors impossible de ne pas tomber sous le charme de cet avion légendaire.

En vérité, cette photo ne représente pas vraiment le début d’une passion, mais plutôt, sa concrétisation. Voilà une paire d’années déjà que ma petite personne réclame quotidiennement, avec insistance parfois, un reportage télévisé enregistré sur une vieille VHS, dont la bande magnétique, fatiguée d’avoir été lue et relue à l’infini, menace de se rompre. Il s’agit du reportage “Pégase”, présenté par Bernard Chabert. Un épisode sur le Spitfire, où le présentateur déclare sa flamme à cet aéronef, avec une poésie simple et touchante, comme on en fait plus. 

Trop jeune pour comprendre les subtilités de la langue de Shakespeare, je répète inlassablement “Fifire, Fifire !”, jusqu’à ce que l’on me donne ma dose journalière. Je la savoure alors avec la plus grande attention. Ainsi, il est aisé de comprendre comment, près d’une trentaine d’années plus tard, il m’est venu cette idée saugrenue de réaliser mes propres petits reportages parlant d’histoire, et d’aviation.


Que je le veuille ou non, l’aéronautique a toujours été dans mes gènes. Mes parents, mais aussi mes grands-parents, tous détenteurs d’un brevet de pilote, m’ont naturellement transmis cette fascination, ce regard béat, devant toute chose capable de s’affranchir de la gravité terrestre, et de grimper dans les cieux. Je suis, pour ainsi dire, né avec les “fesses” dans un avion, et elles n’en sont jamais vraiment descendues depuis. Ce qui explique probablement pourquoi j’ai souvent la tête dans les nuages ! Malgré tout, il n’y pas un seul pilote de carrière dans la famille, seulement de l’aviation “passion”, pour le simple plaisir de s’envoyer en l’air (en tout bien tout honneur, bien sûr) !

J’ai de la chance aussi, car mon père possède son propre avion. Un avion qu’il a construit lui-même, pendant près d’une décennie, en rentrant de l’usine. À l’aide d’une simple liasse de plan, d’un tas de planches, de colle à bois, d’un bidon d’huile de coude et d’une bonne dose de patience, il a su transformer un arbre en machine volante. (Une prouesse qui ne cessera d’ailleurs jamais de m’étonner !) C’est un avion relativement simple : avec deux ailes, une hélice, un empennage. Un appareil plutôt économique, mais qui “vole bien”, avec du caractère, un avion exigeant aussi, mais surtout… C’est son avion.


C’est un Super Emeraude, un design des années 60, l’ancêtre du célèbre Cap 10 (qui est quant à lui toujours utilisé par la Marine Nationale pour la formation initiale de ses pilotes). C’est ce que l’on appelle en France un avion de “construction amateur”, un avion CNRA (Certificat de Navigabilité Restreint d’Aéronef), dont l’usage ne peut avoir aucun objectif commercial. Il a été conçu pour le simple plaisir de voler, avec de belles performances, et à moindres frais. Ainsi, pendant toute mon enfance, je ne me suis pas fait prier pour aller jouer au milieu des nuages, en compagnie de mon père et de sa belle machine.

Mais alors, me direz vous, comment se fait-il qu’à trente-deux ans, je ne sois toujours pas breveté ? Malgré cette passion dévorante, cette enfance entière passée à lire des bouquins de pilotes, toutes ces heures de vol en “place droite” (place passager sur un avion biplace)... Comment diable expliquer que je ne sois toujours pas capable de voler de mes propres ailes ? J’ai bien effectué une petite vingtaine d’heures de vol en planeur en fin de lycée, mais rien de bien sérieux, et ensuite : plus rien !


(Pour ceux qui se posent la question : oui, le bob fait obligatoirement partie de la check-list !)

Plusieurs paramètres entrent en jeu pour l’expliquer : tout d’abord, j’ai passé une bonne partie de mon adolescence à être affreusement malade dans les transports. Que ce soit la voiture lors des longs trajets, ou dans les avions légers, je passais plus de temps la tête dans le sac (à vomi), que dans les nuages ! Heureusement, cette terrible condition a fini par me quitter d'elle-même, mais elle m’a bien refroidi. 

Ensuite, il faut noter que je suis myope, pas comme une taupe certes, mais suffisamment pour savoir, dès mon plus jeune âge, que jamais je ne pourrais espérer devenir pilote de chasse. Un de mes rêves d’enfance s’était ainsi envolé en me laissant à terre. Et hélas, à l’époque il n’était même pas envisageable de devenir pilote de ligne : la règle ne tolérait qu’une très légère correction. J’ai donc laissé tomber très (trop) rapidement toute prétention de devenir pilote professionnel. 

Puis, lorsque j’ai commencé mes études à l’université de Montpellier, je n’avais pas les moyens financiers de commencer une formation de pilote privé. Même après l’obtention de mon premier vrai travail, il était difficile pour moi d’envisager cette formation. Je ne me sentais pas suffisamment confiant en mon avenir, et j’avais peur de me retrouver à court de budget en milieu de formation, ce qui aurait été plus difficile à vivre que de ne pas voler du tout. 


NB : Aucun des pilotes de mon entourage n’est instructeur. Il m’était donc impossible d’apprendre à moindres frais avec l’un d’eux. Il me fallait forcément passer par l’intermédiaire d’un aéro-club.

Pour finir, nous voilà au printemps 2024, cela fait maintenant près d’un an et demi que j’ai lancé ma chaîne YouTube, en plus de mon travail à plein temps. J’y ai consacré l’essentiel de mon temps libre, en y déversant toute ma passion pour l’histoire, mais aussi les machines, et notamment celles qui volent. Je ne comptais pas en faire un métier à la base, j’avais simplement à cœur de partager toutes ces histoires qui me font vibrer. Et, à vrai dire, j’ai été le premier surpris par le “succès” (relatif) de ma chaîne, et les revenus qu’elle a pu m’apporter, en plus de mon travail. 

J’ai ainsi pu payer les frais inhérents à son fonctionnement, tout en mettant une somme substantielle de côté, puisque mes factures étaient déjà payées par mon autre salaire. Certes, cela m’a demandé de nombreuses soirées passées à travailler d'arrache-pied sur mes histoires, mais en plus d’être un travail “passion”, c’est ce qui m’a permis d’envisager sereinement la concrétisation de ce rêve de gosse : apprendre à piloter. En somme : une passion qui en entraîne une autre, et qui elle-même permet de financer la concrétisation de la première, la boucle est bouclée.

Voilà comment je me suis retrouvé là, en avril 2024, à débuter une formation de pilote privé. 

Cette introduction me semblait nécessaire, pour vous faire part de mes motivations.
Si je vous fais le récit de ma formation, c’est avant tout pour le plaisir du partage, et aussi pour me créer un souvenir durable de cette concrétisation d’un simple rêve d’enfant. Mon histoire ne reflétera pas forcément le programme “typique” d’une formation standard de pilote privé. Mais, que vous soyez simplement curieux, ou désireux d’apprendre à piloter vous aussi, elle pourra vous apporter un petit aperçu de cette expérience hors du commun. 

Et peut-être même qu’elle vous aidera à franchir le pas, qu’elle vous motivera à pousser à votre tour la porte de l’aéro-club le plus proche, pour accrocher un jour des ailes sur votre blouson !





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